vendredi 30 juillet 2010

La société de François-Marie Banier reçoit 710 000 euros par an de L'Oréal


Une soixantaine" d'actionnaires de L'Oréal, dont "certains ont des milliers d'actions", selon l'avocat Frédérik-Karel Canoy, ont demandé à se joindre à la démarche de Michel Tiphineau, un retraité de 63 ans qui a déposé une plainte contre X, le 5 juillet, après avoir entendu parler d'un contrat liant L'Oréal à François-Marie Banier. La fille de Liliane Bettencourt, Françoise, avait porté plainte en 2007 pour "abus de faiblesse" à l'encontre de François-Marie Banier, un photographe de 62 ans proche de Liliane Bettencourt, déclenchant la série d'enquêtes actuelles de "l'affaire Bettencourt".



Après le dépôt de la plainte des actionnaires, qui "vise notamment François-Marie Banier pour abus de biens sociaux", d'après Me Canoy, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, confiée à la brigade financière. Une porte-parole de L'Oréal a reconnu l'existence d'"une relation contractuelle, d'ailleurs publique, avec M. François-Marie Banier depuis une dizaine d'années et qui prend fin en 2011".
En réalité, L'Oréal est doublement liée à Héricy, une société créée en 1996 par François-Marie Banier. Dans les pièces versées au dossier, et dont Le Monde a eu connaissance, figurent, en date du 24 octobre 2001, une "convention de parrainage" et "un contrat de prestations". MeLaurent Merlet, l'un des avocats de François-Marie Banier, nous a confirmé l'existence de ces deux accords. Au total, Héricy reçoit 710 000 euros chaque année de L'Oréal jusqu'au 31 décembre 2011.
Le jour de la signature de ces accords, François-Marie Banier envoyait une lettre à Lindsay Owen-Jones, alors PDG de L'Oréal (lequel n'a pas démenti avoir reçu en 2005, de Liliane Bettencourt, une donation de 100 millions d'euros, assortis des droits d'enregistrement de 60 millions d'euros): "Cher Lindsay, C'est avec une grande émotion que je viens de signer le contrat qui me permet de travailler encore pendant dix ans sans le souci de plaire."
Pour MLaurent Merlet, le contrat avec L'Oréal est "parfaitement exécuté""François-Marie Banier a fait ce qu'on lui demandait", assure l'avocat. Et de renvoyer aux photos qui prouvent la présence des dirigeants de L'Oréal aux vernissages de ses expositions. Ou à son site Internet, sur lequel figure la liste de ses livres et de ses expositions.

"Depuis dix ans, mes livres sont sponsorisés par L'Oréal. Sponsorise-t-on un escroc ?", feignait de se demander le photographe dans un long entretien au Monde le 10 décembre 2009.
Lire l'intégralité de l'article de Marie-Pierre Subtil en zone abonnés sur le site du Monde.fr et dans Le Monde daté du 31 juillet, disponible dans les kiosques ce vendredi à partir de 14 heures.
Marie-Pierre Subtil

mardi 27 juillet 2010

Un contrat en or pour François-Marie Banier


Une plainte est déposée contre le photographe, qui bénéficie, depuis 2002, d’un contrat chez L’Oréal de 405 000 euros par an.
C’est la cinquième procédure ouverte dans le cadre de l’affaire Bettencourt. Mais cette fois-ci, elle sort du strict cadre familial pour toucher directement la multinationale. Le 5 juillet, Michel Tiphineau, petit actionnaire de L’Oréal, a porté plainte contre X, entre autres pour « abus de biens sociaux ». Son avocat, Me Canoy, a très vite précisé qu’elle concerne le photographe François-Marie Banier, protégé de la milliardaire et accusé par sa fille d’avoir spolié la riche héritière. Une enquête préliminaire est ouverte.
L’actionnaire, qui prétend défendre les intérêts d’une cinquantaine d’autres, entend faire la démonstration que le contrat de travail qui lie le photographe à L’Oréal est un « contrat de complaisance ». Depuis 2002, François-Marie Banier assure des missions de conseil artistique pour le géant des cosmétiques et doit organiser au moins une exposition par an. En échange, L’Oréal lui assure un revenu de 405 000 euros par an, et ce jusqu’en 2011. Selon Me Canoy, ce contrat n’aurait été honoré que partiellement. La lettre, saisie au domicile du photographe, écrite en 2001 à l’ex-PDG Lindsay Owen-Jones, sème le trouble : « Cher Lindsay, c’est avec une grande émotion que je viens de signer le contrat qui me permet de travailler encore pendant dix ans sans le souci (!) de plaire. J’ai tout à fait conscience que cette aide de L’Oréal est exceptionnelle. Peu d’artistes dans le monde ont sur la durée ce tremplin, cette tranquillité, cette liberté… »
L’initiative de Michel Tiphineau a immédiatement provoqué une réaction des petits porteurs adhérents de l’association Appac, qui « s’insurgent » contre une plainte qui vise à « déstabiliser L’Oréal » et menace à leur tour d’aller en justice pour diffamation.

L'Oréal: Une plainte vise Banier Une enquête préliminaire de police a été ouverte par le parquet de Paris sur la mission de "conseil artistique" confiée par L'Oréal en 2002 au photographe François-Marie Banier pour 405.000 euros par an.


De l'eau au moulin de Françoise Bettencourt-Meyers? La fille de Liliane Bettencourt, qui cherche depuis plusieurs années à prouver que celle-ci est victime "d'abus de faiblesse" de la part de son entourage en général et de de François-Marie Banier en particulier, devrait envisager d'un bon œil la décision du parquet de Paris d'ouvrir une enquête préliminaire de police sur la mission de "conseil artistique" confiée par L'Oréal en 2002 au photographe François-Marie Banier pour 405.000 euros par an. Aux termes du contrat - dont le montant total a été réglé à la signature - le photographe devait percevoir 405.000 euros par an pendant dix ans pour une activité de conseil dans le domaine culturel.Or, l'artiste ne se serait que partiellement acquitté de sa mission. Cette procédure, la quatrième de la sorte concernant la fortune Bettencourt, a été confiée à la Brigade financière, a précisé mardi un porte-parole.

"Mélange des genres total"

Dans un courrier transmis à cette époque à Lindsay Owen-Jones, président de L'Oréal, François-Marie Banier, reconnaissant, qualifiait l'offre du groupe "d'exceptionnelle" en ce sens qu'elle lui permettait de travailler dix ans durant "sans le souci de plaire". Me Frédérik-Karel Canoy, avocat spécialisé dans la défense d'actionnaires lésés et qui a déposé plainte contre X pour "abus de biens sociaux" dans ce volet de l'affaire, ne voit pas, lui, les choses exactement sous le même angle. "C'était une largesse, une faveur", a-t-il asséné au micro de RTL mardi matin, ajoutant que le photographe, bénéficiaire de plus d'un milliard d'euros de cadeaux de la part de Liliane Bettencourt, n'aurait jamais pu profiter de ce pont d'or de la part de L'Oréal s'il n'était pas "l'artiste préféré" de la milliardaire. Parlant de contrat à "but personnel" - dont le respect des termes lui semble "très difficile" à prouver - Me Frédérik-Karel Canoy dénonce pour finir "un mélange des genres total qui n'a pas lieu d'être".
Me Hervé Temime, avocat de François-Marie Banier, a répondu qu'il n'y avait rien de frauduleux. "Ce sont des contrats parfaitement réguliers et exécutés tout à fait normalement", a-t-il dit à l'agence Reuters. Dans un communiqué, L'Oréal confirme l'existence du contrat et indique qu'il est toujours en vigueur. "Nous avons pris connaissance du dépôt d'une plainte contre X. Son contenu nous étant inconnu, nous ne pouvons la commenter. Nous confirmons cependant l'existence d'une relation contractuelle d'ailleurs publique avec M. Francois-Marie Banier depuis une dizaine d'années qui prend fin en 2011", déclare la société.

jeudi 22 juillet 2010

Maitre Canoy au 20h de TF1

LA VIDEOhttp://videos.tf1.fr/jt-20h/affaire-betetncourt-une-4e-enquete-preliminaire-ouverte-5931882.html
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-07/affaire-bettencourt-un-petit-actionnaire-de-l-oreal-porte-plainte-5930774.html

Une autre enquête vise François-Marie Banier sur L'Oréal


PARIS (Reuters) - Une enquête préliminaire de police a été ouverte par le parquet de Paris sur la mission de "conseil artistique" confiée par L'Oréal en 2002 au photographe François-Marie Banier pour 405.000 euros par an.
La procédure, ouverte ces derniers jours, a été confiée à la Brigade financière, a précisé mardi un porte-parole.
Il s'agit de la quatrième enquête préliminaire visant la fortune Bettencourt et les enregistrements clandestins de la milliardaire où de nombreux délits présumés sont évoqués.
François-Marie Banier, 63 ans, est déjà visé par une plainte pour "abus de faiblesse" déposée par la fille de Liliane Bettencourt, qui estime qu'il spolie la milliardaire de 87 ans en profitant de son état de vulnérabilité psychologique.
Il a reçu de l'héritière de L'Oréal environ un milliard d'euros de dons entre 2002 et 2007, a établi la police.
François-Marie Banier a été placé en garde à vue la semaine dernière dans une autre procédure portant notamment sur des soupçons de fraude fiscale et sur l'île d'Arros, achetée par les Bettencourt aux Seychelles en 1999, et dont le photographe pourrait être l'héritier désigné.
La nouvelle enquête sur le contrat fait suite à la plainte déposée pour "abus de biens sociaux" à propos de ces faits par un avocat, Frédérik-Karel Canoy, disant représenter un petit actionnaire du géant des cosmétiques.
Me Canoy, interrogé par Reuters, a déclaré qu'il s'interrogeait sur la réalité du travail fourni par François-Marie Banier, engagé en 2001 à l'initiative du PDG de L'Oréal de l'époque, Lindsay Owen-Jones.
"La prestation a-t-elle été fournie ? Un contrat pour trouver la couleur d'un petit flacon rouge et rose, est-ce que ça vaut 400.000 euros ?", s'est-il demandé.
Me Hervé Temime, avocat de François-Marie Banier, a répondu qu'il n'y avait rien de frauduleux. "Ce sont des contrats parfaitement réguliers et exécutés tout à fait normalement", a-t-il dit à Reuters.
Dans un communiqué, L'Oréal confirme l'existence du contrat et indique qu'il est toujours en vigueur. "Nous avons pris connaissance du dépôt d'une plainte contre X. Son contenu nous étant inconnu, nous ne pouvons la commenter. Nous confirmons cependant l'existence d'une relation contractuelle d'ailleurs publique avec M. Francois-Marie Banier depuis une dizaine d'années qui prend fin en 2011", déclare la société.
Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse

Polémique autour du contrat de F-M Banier au sein de l'Oréal

Ce matin à 10h30, 

Maitre Frédérik Canoy, l’avocat du petit actionnaire Michel Tiphineau, revenait sur la plainte de son client. Ce dernier remet en question le contrat de François-Marie Banier au sein de l'Oréal, le jugeant trop juteux pour les prestations fournies. 
Mon client reproche à l’Oréal que ce contrat soit fictif, qu’il n’y ait pas de contreparties… Dans le contrat il y a différentes clauses, il y est prévu des conseils dans les domaines artistiques, de la mode et de la sensibilité artistique. Et aussi d’organiser une fois par an une exposition d’envergure… Il y a des expositions mais dans les magasins, qui ne prennent pas en compte le terme « envergure ». Ce contrat cache une largesse, des dépenses abusives et illicites engagées par la direction. Ca nuit à l’intérêt social… de ce coté là il y a abus de biens sociaux. Le contrat a été signé avec une des sociétés de François-Marie Banier. Il s’agit de savoir qui en fait partie, s’il n’y a pas d’autres contrats. Lorsqu’on voit la somme par rapport aux salariés de l’Oréal, ça correspond à 27 SMIC… Il s’agit de comprendre, d’appréhender le montant de la somme. Par rapport aux prestations fournies chez l’Oréal, ce sont des sommes dont il aura du mal à se justifier. Il y a une distorsion entre les salaires les plus importants du top managment et ceux des salariés. Cette distorsion heurte les salariés qui ne comprennent pas que ce monsieur ait ce type de contrat. D’autres actionnaires vont d’ailleurs se joindre à cette plainte… 


http://www.rmc.fr/blogs/bourdinandco.php?post/2010/07/21/Polemique-autour-du-contrat-de-F-M-Banier-au-sein-de-l-Oreal

L’avocat de l’actionnaire de L’Oréal qui attaque Banier : "ça paraît exorbitant" - 41 s

http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-07/affaire-bettencourt-un-petit-actionnaire-de-l-oreal-porte-plainte-5930774.html

Un petit actionnaire de L'Oréal porte plainte contre Banier.Par TF1 News (avec agence), le 20 juillet 2010 à 09h43, mis à jour le 20 juillet 2010 à 15:54 Dossier : Affaire Bettencourt Un actionnaire du groupe de Liliane Bettencourt a porté plainte contre le photographe proche de la milliardaire. Il estime que ce dernier aurait bénéficié d'un contrat de complaisance de 4 millions d'euros de la part du géant de la cosmétique. Une enquête préliminaire a été ouverte.

L'affaire Bettencourt commence à faire des vagues chez L'Oreal. Un actionnaire du groupe de LilianeBettencourt a porté plainte contre le photographeFrançois-Marie Banier, proche de la milliardaire, estimant que ce dernier aurait bénéficié d'un contrat de complaisance de 4 millions d'euros de la société, révèle mardi RTL. Il s'agit d'une plainte contre X pour abus de biens sociaux. L'avocat du petit actionnaire, Me Frédérik-Karel Canoy, est spécialisé notamment dans la défense d'actionnaires lésés par des malversations financières. Selon la radio RTL, M. Banier a décroché en 2002 "un contrat de 405.000 euros par an pendant 10 ans", qui prévoit de rémunérer le photographe pour des "conseils de mode et de sensibilité artistique", et d'organiser une grande exposition par an des oeuvres de l'intéressé.


Pour Me Canoy, interviewé par la radio, "c'était une largesse, une faveur", et"on estime que ce contrat n'a été honoré que partiellement". M. Banier "n'aurait pas connu Mme Bettencourt, il n'aurait pas bénéficié de ce contrat", ajoute l'avocat. M. Banier est proche depuis longtemps de Mme Bettencourt, rencontrée en 1969. Selon le photographe et la milliardaire, cette complicité au long cours s'assoit sur une convergence de tempéraments. D'après la fille de la riche héritière, Françoise Bettencourt-Meyers, des intérêts financiers sont également en jeu. A la suite de cette plainte, une enquête préliminaire de police a été ouverte par le parquet de Paris sur cette mission de "conseil artistique".
 
Contrats d'assurance-vie, chèques, tableaux de maîtres, le photographe des stars, selon elle, se serait fait remettre près d'un milliard d'euros de dons, dans les années 1990 et 2000, en profitant de la fragilité psychologique de l'octogénaire. Une thèse fermement démentie par l'intéressé, qui assure que ces cadeaux lui ont été consentis par une "femme brillante et libre". Poursuivi pour abus de faiblesse, le photographe devait être jugé dans cette affaire début juillet par la 15e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre. Mais son procès a été renvoyé sine die, en raison des rebondissements suscités par la divulgation des écoutes de conversations entre Mme Bettencourt et ses proches.

Affaire Bettencourt : un actionnaire de L'Oréal s'en prend à Banier

n actionnaire de L'Oréal accuse notamment le photographe François-Marie Banier, proche de la milliardaire Liliane Bettencourt, d'avoir obtenu du géant français des cosmétiques un contrat de complaisance de plus de 4 millions d'euros.


Le feuilleton continue. Confirmant une information de RTL et du magazine Marianne, l'avocat d'un actionnaire de L'Oréal, Frédérik-Karel Canoy, a indiqué que le 5 juillet dernier un petit actionnaire du groupe de cosmétiques avait déposé "une plainte contre X" à Paris. Cette plainte porte notamment sur "la diffusion d'informations fausses ou trompeuses, faux et usage de faux, abus de biens sociaux, complicité et recel" a précisé l'avocat.

L'abus de biens sociaux vise, selon ce dernier, François-Marie Banier, le photographe et proche de Lililane Bettencourt. En l'espèce, l'actionnaire pointe du doigt le contrat octroyé au photographe par L'Oréal de 405.000 euros par an pendant 10 ans pour des "conseils de mode et de sensibilité artistique", à compter du 1er janvier 2002. Dépense non seulement jugée "abusive et illicite" mais allant surtout "à l'encontre de l'intérêt social de l'entreprise", estime Maître Canoy.

Cette accusation contre le photographe s'ajoute à celle de Françoise Meyers-Bettencourt la fille de la milliardaire pour abus de faiblesse envers sa mère. Selon elle, François-Marie Banier se serait fait remettre près d'un milliard d'euros de dons, dans les années 1990 et 2000, en profitant de la fragilité psychologique de l'octogénaire. Une thèse fermement démentie par l'intéressé, qui assure que ces cadeaux (contrats d'assurance-vie, chèques, tableaux de maîtres, etc) lui ont été consentis par une "femme brillante et libre".

Le procès démarré le 28 juin dernier devant le tribunal de Nanterre a finalement été renvoyé. Un supplément d'information sur des enregistrements clandestins versés au dossier par la fille de la milliardaire a notamment été réclamé.



latribune.fr

lundi 5 juillet 2010

Kerviel/Messier, procès croisés Alors que les deux procès qui se tenaient en alternance depuis un mois à Paris se sont conclus vendredi, Challenges.fr a joué au jeu des sept erreurs et ressemblances.

Jérôme Kerviel le matin, Jean-Marie Messier et ses co-prévenus l'après-midi, ou l'inverse: pendant un mois, jusqu'au vendredi 25 juin, la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris a jugé deux affaires financières emblématiques de la dernière décennie. Challenges.fr a joué au jeu des sept ressemblances... et différences.



Deux destins qui se croisent... Ces procès ont mis en relief, pendant un mois, deux prévenus au parcours très différents (un produit des écoles de l'élite -Polytechnique, Ena- contre le "modeste" titulaire d'un DESS de finances) et deux "rescapés" différents (Jean-Marie Messier est revenu en grâce dans le milieu des affaires avec sa société de conseil, alors que Jérôme Kerviel est consultant informatique à 2.300 euros par mois).
... pour mieux diverger ? Si les deux hommes se retrouvent face à la même peine théorique (cinq ans de prison, 375.000 euros d'amende), leurs destins pourraient de nouveau diverger: une relaxe totale de Jérôme Kerviel apparaîtrait comme une surprise, tout comme une condamnation de Jean-Marie Messier. Témoin, la position du parquet dans les deux affaires. Le ministère public avait demandé un non-lieu général dans le dossier Messier -mais n'avait pas été suivi par le juge d'Huy-, quand il avait fait appel du placement sous contrôle judiciaire de Jérôme Kerviel, et obtenu sa détention provisoire pendant 38 jours. Il avait également tenté, cette fois en vain, de charger le trader des chefs d'escroquerie et d'abus de confiance aggravé.
Le bal des avocats. Contrairement aux journalistes, qui le plus souvent ne suivaient qu'un des deux procès, deux avocats ont fait des journées doubles: Me Jean Veil, avocat de l'ex-directeur financier de Vivendi Guillaume Hannezo et de la Société Générale, et Me Frédéric-Karel Canoy, défenseur de petits porteurs dans les deux dossiers. A leurs côtés, de nombreux ténors du barreau: Me Haïk et Kiejman dans le dossier Messier, Me Metzner pour la défense de Jérôme Kerviel. D'ailleurs, ce dernier devait initialement défendre aussi Jean-Marie Messier.
Des petits porteurs floués. Ces procès étaient aussi ceux de deux bulles: celle des valeurs médias et high-tech, au tournant des années 2000, et celle des valeurs financières, à la fin de la décennie. Les bancs des parties civiles étaient donc occupés par des petits porteurs, mais dont la situation n'est pas la même: ceux de Vivendi ont vu leurs actions passer de 140 euros en mars 2000 à 18 en juillet 2002, et peuvent blâmer la stratégie menée par la direction dans un contexte compliqué ; ceux de la Société Générale ont vu les leurs baisser de 70 euros la veille de la fraude à 35 aujourd'hui, mais l'affaire Kerviel est très loin d'être la seule explication, la banque ayant essuyé de fortes pertes sur les subprimes.
Témoins : une vedette et des absences. Le procès Messier a donné le curieux (et un peu ennuyeux) spectacle d'audiences à zéro témoin: aucun salarié de Vivendi ni aucun administrateur n'a été convoqué, alors que le CA de l'époque rassemblait de nombreux pontes du CAC 40 (Bernard Arnault, Marc Viénot, Henri Lachmann, Serge Tchuruk...), critiqués pour leur action. De ce point de vue, malgré la défection de plusieurs témoins, le procès Kerviel a été plus satisfaisant, avec même l'audience "symbolique" de Daniel Bouton.
Médias : la cohue et la discrétion. D'un côté, un procès qui a rassemblé tous les médias généralistes, a été Twitté en direct et largement développé par les chaînes d'info continues; de l'autre, des audiences feutrées essentiellement suivies par la presse financière. Un fossé imputable notamment à l'ancienneté des faits reprochés à Jean-Marie Messier, et au mystère entourant le personnage Jérôme Kerviel aux yeux du grand public.
Une plongée dans le monde de la finance, son langage, son contrôle... Les audiences ont donné l'occasion au tribunal de se plonger dans le monde surchauffé des salles de marché, avec son langage (spiel,futuresforwards pour Kerviel, buyback ou closing pour Messier) et surtout son ambiance. Dans les deux procès, on a ainsi entendu des cadres minimiser leur propos passés en arguant des exagérations propres au milieu. "Je prends tout à la rigolade", a expliqué Moussa Bakir, un ancien collègue de Kerviel à qui ce dernier avait parlé de "vacances en taule". Philippe Guez, un banquier de la Deutsche Bank accusé de manipulation de cours au profit de Vivendi, a lui justifié par une volonté de "dramatiser" son "Je veux pas aller en prison, ils font n'importe quoi". La question du contrôle des pratiques financières ("Comment en est-on arrivé là ?") a aussi été sans cesse posée dans les deux procès, dont une bonne partie aura été consacrée aux alertes et à la surveillance. Dans le cas de Jérôme Kerviel, de nombreux mails ont été parcourus faisant état de dépassements des limites de risques. Le procès Messier aura lui beaucoup polémiqué sur le "livre d'alertes" constitué par le directeur financier Guillaume Hannezo au moment de la démission du P-DG. Un recueil où il disait avoir "l'impression désagréable d'être dans une voiture dont le conducteur accélère dans les tournants".

par la rédaction de Challenges.fr, vendredi 25 juin 2010.