"Le « procès EADS »
doit s'ouvrir vendredi
3 octobre à Paris. Par « procès
EADS » il faut entendre un
procès pour soupçon de délit d'initiés qui vise sept cadres ou ex-cadres
dirigeants du groupe européen d'aéronautique et dedéfense et de sa filiale, le constructeur d'avions
Airbus, ainsi que les sociétés Lagardère SCA et
Daimler AG, actionnaires d'EADS à l'époque des faits, en 2005 et 2006.
- Qui
attaque et qui comparaît ?
- Quel
est l'objet de cette affaire ?
- Qu'ont
fait les prévenus à l'époque des faits ?
- Quelle
peine encourent les prévenus ?
- Pourquoi
une autre enquête, celle
de l'AMF, n'a-t-elle pas inquiété les personnes visées ?
Ce
sont deux petits actionnaires et la Caisse des dépôts qui se sont constitués
partie civile.
Sept
personnes comparaissent devant le tribunal correctionnel : côté EADS,
l'ancien coprésident du groupe, Noël Forgeard, l'ancien numéro deux, Jean-Paul
Gut, et le directeur financier de l'époque Andreas Sperl; côté Airbus, l'actuel
directeur commercial, John Leahy, Erik Pillet, ancien directeur des ressources
humaines, Alain Flourens et Olivier Andriès.
MM. Leahy, Flourens et Sperl
travaillent toujours dans Airbus Group, le nouveau nom adopté par EADS.
Les
sociétés Lagardère SCA et Daimler AG, en tant que personnes morales,
comparaissent également.
La justice reproche aux prévenus de s'être enrichis
indûment en vendant leurs stock-options, principalement en novembre 2005 et
mars 2006, alors qu'ils avaient eu connaissance d'informations privilégiées,
précises et confidentielles de nature à influer sur
le cours de l'action EADS.
En l'occurrence, les intéressés
savaient que le très gros porteur d'Airbus, l'A380, connaissait d'importants
retards de livraison, qu'il fallait revoir complètement
leprojet de long-courrier A350 et que les perspectives
financières du groupe s'annonçaient du coup plus mauvaises que prévu.
L'A380
a été affecté par un problème de fabrication lié à un problème de câblages
électriques (un seul A380 sera livré à la date prévue) et le programme de
l'A350, jugé peu novateur par les clients, a subi de profondes modifications.
Ces difficultés ont entraîné des
pénalités de retard dues aux clients, une augmentation des coûts de fabrication
des avions et un manque à gagner avec
des ventes retardées.
Quand
ces différentes informations ont été annoncées publiquement, en juin 2006, le
cours de l'action EADS chute : le 14 juin 2006, il perd plus de 26 %, soit 5,5
milliards d'euros.
Ces dirigeants sont accusés d'avoir exercé
leurs options alors qu'ils avaient connaissance des difficultés des programmes
de l'A380 et de l'A350, du souhait de Lagardère et de Daimler de se désengager partiellement
du capital d'EADS (réalisé le 4 avril 2006), des retards de livraison et des
prévisions financières défavorables pour le géant de l'aéronautique.
Avant
l'annonce publique des ces différents éléments, quelque 11 millions de titres
ont été cédés sur le marché par 1 172 dirigeants et salariés du groupe entre le
1er mai 2005 et le 13 juin 2006, alors que le cours était encore haut.
M.
Forgeard a vendu 360 000 actions, MM. Gut et Leahy 175 000 actions chacun.
S'agissant de M. Forgeard, le juge
estime qu'il existe des charges suffisantes contre lui pour « avoir le
9 mars et le 15 mars 2006 cédé 360 000 actions d'EADS » en
ayant eu à sa disposition des « informations privilégiées sur
les perspectives et la situation de la société EADS (…) avant que le public en
ait connaissance ».
Les deux sociétés actionnaires, Lagardère
et Daimler, se sont séparés le 4 avril 2006 de 7,5 % du capital chacun pour un
montant total de 4 milliards d'euros. Elles se voient reprocher d'avoir vendu
plus de 61 millions d'actions chacun, tout en étant détentrices grâce à leurs
représentants dans les organes de surveillance et de direction « d'informations privilégiées ».
Les
plus-value réalisées ont été importantes. Dans le cas de M. Forgeard, elle a
été de 3,7 millions d'euros en 2006.
Les prévenus contestent avoir usé
d'informations privilégiées pour s'enrichir,
affirmant n'avoir découvert
qu'après la vente de leurs actions l'ampleur des difficultés de programmes que
le groupe pensait pouvoir maîtriser avec
un retard acceptable.
Le délit d'initié est passible de
deux ans de prison et d'une amende pouvantaller jusqu'à
dix fois le montant du profit réalisé.
Deux enquêtes pour délit d'initié
ont été menées, l'une administrative par l'Autorité des marchés
financiers (AMF), ouverte le 22 mai 2006, l'autre pénale, le
Parquet de Paris ayant ouvert une information judiciaire contre X le 23
novembre 2006.
Le rapporteur de la Commission des
sanctions de l'AMF a certes préconisé desanctionner sept personnes sur les 17 qui étaient mises
en cause au départ et d'imposer 700 000 euros d'amende à l'encontre
d'EADS qui, selon lui, n'a pas communiqué « dès que possible » au
marché l'information sur les retards de l'A380.Il a en revanche mis hors de
cause Daimler et Lagardère.
Mais, au final, la commission des
sanctions de l'AMF a considéré que les informations en possession des prévenus
n'étaient pas suffisamment précises pour qualifier un
délit d'initié et les a mis hors de cause fin 2009.
Lire aussi : Trois ans d'une enquête hors normes
Cette
décision de la commission des sanctions de l'AMF, qui est un organe
indépendant, distinct du collège qui mène notamment les enquêtes, avait été
controversée et très commentée.
Elle a conduit à donner à
l'AMF la possibilité de faire appel
de la décision de la Commission des sanctions."
Article
écrit par l'AFP avec Le monde poublié le 01 Octobre 2014 :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/10/01/le-proces-eads-en-cinq-questions_4498474_3234.html
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