mercredi 9 juin 2010

Procès Messier: les petits actionnaires passent à l'offensive (COMPTE RENDU)


Les représentants des actionnaires floués de Vivendi Universal, peu convaincants depuis le début du procès parisien de l'ex-PDG du groupe, ont pour la première fois poussé Jean-Marie Messier dans ses retranchements, mercredi, sans toutefois parvenir à le déstabiliser.
Durant toute l'audience, deux avocats des parties civiles encadrent l'ancien champion du CAC 40, debout face au tribunal, et le mitraillent de questions.
Comme rarement depuis l'ouverture des débats, ils visent juste.
Obstinément, les deux hommes pointent les failles présumées de la communication financière de l'ancien patron du géant des médias pour démontrer qu'elle était "fausse ou trompeuse".
C'est l'avis des juges d'instruction qui ont renvoyé M. Messier devant le tribunal correctionnel de Paris en incriminant plusieurs communiqués de presse et déclarations publiques plus optimistes que ne l'aurait commandé la santé de Vivendi.
"Vous dites, lors d'une assemblée générale d'actionnaires, que vous choisissez le degré d'information qui vous paraît le plus pertinent. Est-ce que vous ne devez donner pas une information complète, totale et loyale? Pourquoi ce subjectivisme?", interroge Me Pascal Lavisse, avocat de l'Appac (Association des petits porteurs actifs).
Il est notamment reproché à Jean-Marie Messier d'avoir communiqué avec enthousiasme sur les développements prometteurs de l'activité médias de VU pour mieux dissimuler la dette des autres branches du groupe.
Les actionnaires, relayés par les juges, l'accusent également de leur avoir caché, en 2001, que VU avait renoncé à une importante annulation d'actions qui aurait poussé le cours des titres Vivendi à la hausse.
"Pour l'actionnaire de base, il était impossible de comprendre cette histoire d'annulation. Pourquoi n'avoir pas fait un communiqué clair pour dire que vous renonciez ?", s'irrite Me Frédérik Karel-Canoy qui défend une centaine de petits porteurs.
A la surprise générale, l'un de ces actionnaires "de base" décide de faire entendre sa voix à l'audience. La semaine passée, son avocate -une ancienne salariée de Vivendi Universal- a été évincée du procès en raison d'un possible "conflit d'intérêt" entre ses anciennes et nouvelles fonctions.
Son client, tout en dénonçant la manoeuvre, semble avoir décidé de se défendre seul et presse Jean-Marie Messier de questions, sous le contrôle du président Joël Miniconi.
L'audition tout confort de "J2M", rarement malmené depuis le début du procès, soutenu par un parquet convaincu de son innocence, change de ton.
Le président du tribunal lui-même, au diapason de l'offensive ambiante, porte plusieurs fois la contradiction au prévenu.
"Ne pensez-vous pas que ces communiqués, dont on peut dire qu'ils comportaient des informations partielles, étaient de nature à tromper les actionnaires de base ?", s'enquiert-il.
Me Lavisse tente de porter l'estocade: "Comment se fait-il que jusqu'à votre départ, le discours, c'est +tout va bien dans le meilleur des mondes+ et que votre successeur, Jean-René Fourtou, à peine arrivé aux commandes, parle d'un groupe au bord de la faillite ?".
"J'ai toujours délivré une information complète, précise et juste", répond, imperturbable, sobre et pour la énième fois, Jean-Marie Messier, fidèle à sa ligne de défense depuis le début du procès.
Le tribunal abordera jeudi la prévention de "manipulation de cours", troisième et dernière des infractions reprochées à Jean-Marie Messier jugé jusqu'au 25 juin.

Source: Le Point

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