mercredi 9 juin 2010

Kerviel rappelle que dans une salle de marchés "tout se voit, tout s'entend"


Tout se voit, tout s'entend" dans une salle de marchés. Cette phrase, prononcée mardi 8 juin par Jérôme Kerviel au premier jour de son procès, résume la ligne de défense de l'ancien trader de la Société générale.
"Sur un desk de trading, on est tous à 50 cm les uns des autres, tout se voit tout s'entend", a poursuivi le jeune homme de 33 ans, alors que le tribunal se penchait sur sa personnalité. Il répondait alors à un avocat de petits actionnaires, partie civile au procès. Auparavant, il avait affirmé que "les encouragements journaliers de [ses] supérieurs" l'avaient incité à continuer, répétant qu'ils étaient au courant de ses prises de position dès lors qu'elles rapportaient de l'argent.


Poursuivi pour abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système informatique, M. Kerviel encourt cinq ans de prison, 375 000 euros d'amende et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts que lui réclame la Société générale.
"UN PION QU'ON A UTILISÉ"
Son avocat, Me Olivier Metzner, a ensuite posé quelques questions de fond à son client, qui a répété qu'il était "impossible" que les cinq chefs qui se trouvaient à proximité des traders aient pu ignorer ce qu'il faisait. A l'appui, Me Metzner a fait transmettre sur un grand écran dressé dans le tribunal un plan de la salle dans laquelle travaillait Jérôme Kerviel.
Me Metzner a également déclaré être en mesure de produire des documents montrant selon lui que les agissements de M. Kerviel ne pouvaient être ignorés de la banque, notamment une banque de données où sont enregistrés tous les ordres. "Ce n'est pas un homme qui est responsable de cela mais un système. Celui qui comparaît devant le tribunal est un pion, un pion qu'on a utilisé et dont on a tiré profit, et, quand on n'a plus eu besoin lui, qu'on a jeté", a-t-il dit aux journalistes avant l'ouverture du procès. Me Metzner plaidera la relaxe.
Lors de cette première journée de procès, le président du tribunal Dominique Pauthe a longuement interrogé M. Kerviel – unique prévenu – sur sa personnalité et son profil psychologique, relevant dans le rapport d'un expert que "l'absence de contrôle" l'aurait conduit à "réitérer sa stratégie".
SEPT PARTIES CIVILES
Il aura face à lui sept parties civiles : la Société générale et des petits porteurs, salariés ou retraités actionnaires de la banque. Les avocats de la Société générale considèrent de leur côté que ce n'est pas parce que ses services de contrôle se sont avérés défaillants que Jérôme Kerviel était autorisé à "la mettre en péril par ses agissement frauduleux". Exonérée sur le plan pénal, la Société générale n'est pourtant pas sortie indemne de l'enquête, qui a montré qu'elle avait négligé plus de soixante-dix alertes internes et externes sur le comportement de Jérôme Kerviel.
Emblématique des dérives du monde de la finance, très médiatisé, le procès durera près de trois semaines, jusqu'au 25 juin. Une quarantaine de témoins sont attendus.

Source: le Monde

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