mardi 15 juin 2010

PARIS (AFP) - Messier et Kerviel dans le miroir de la justice


Tous deux ont connu l'ivresse des milliards, la chute et aujourd'hui le prétoire. Les destins croisés de Jean-Marie Messier et Jérôme Kerviel ont convergé cette semaine vers le même tribunal parisien où ils comparaissent en alternance, mais sans jamais se rencontrer.
Quand le procès de l'ancien trader de la Société Générale ouvre le bal, à 09H30, la comparution de l'ancien PDG de Vivendi Universal suit dans la foulée, à partir de 13H30. Selon les jours, l'ordre s'inverse.
Depuis l'ouverture, mardi, du procès de Jérôme Kerviel -celui de Jean-Marie Messier a débuté le 2 juin-, le chassé-croisé des audiences s'est déroulé sans accroc. Les deux prévenus vedettes n'ont même pas eu à s'apercevoir, chacun filant sans traîner à l'issue des débats.
Même décor pour les deux séances: celui, tout en boiseries sombres, de la grande salle des Criées du TGI de Paris où siège la 11ème chambre correctionnelle dans deux compositions différentes.
Une telle concomitance de calendrier et de lieu pour deux procès sensibles est exceptionnelle, notent les connaisseurs du Palais de justice.
Surtout pour deux hommes qui ont incarné à leur façon les dérapages du capitalisme financier et qui ont face à eux, sur le banc des parties civiles, des petits actionnaires floués et leur ancienne entreprise -Vivendi pour Messier, la Société Générale pour Kerviel.
Tous deux encourent jusqu'à cinq ans de prison. Tous deux reconnaissent des erreurs mais avancent des justifications.
Leurs procès ont deux avocats en commun: Jean Veil défend la Société Générale à l'audience Kerviel et l'ancien bras droit de Jean-Marie Messier, Guillaume Hannezo. Dans les deux procédures, Me Frédérik Karel-Canoy est le conseil de petits porteurs qui s'estiment lésés par les agissements du grand patron ou du trader.

La comparaison devenant trop embarrassante a-t-elle convaincu Jean-Marie Messier de changer d'avocat avant son procès? Défendu durant l'instruction par Me Olivier Metzner, devenu entre-temps défenseur de Kerviel, il est finalement assisté à l'audience par un autre pénaliste réputé, Me Pierre Haïk.
Car un monde continue de séparer le dirigeant resté proche de l'establishment, qui affichait à l'ouverture des débats 25.000 euros de revenus mensuels à la tête de sa société de conseil, et l'ex-trader breton qui déclare désormais 2.300 euros comme informaticien.
Envers le premier, le parquet avait réclamé un non-lieu à l'issue de l'instruction. Le second avait été l'objet d'un réquisitoire accablant.

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