lundi 7 juin 2010

Le procès français de l'ancien patron de Vivendi et de plusieurs autres anciens responsables du groupe s'est ouvert mercredi matin à Paris. Pendant trois semaines, la justice devra notamment déterminer si "J2M" a trompé les actionnaires. Reportage.


Jean-Marie Messier est arrivé au tribunal correctionnel par une porte dérobée, et à la sortie ni lui, ni son avocat n'ont répondu aux questions des journalistes. A l'intérieur de la salle des criées du Palais de justice de Paris, il y avait sept prévenus et une batterie d'une vingtaine d'avocats.
Tour de chauffe
Cette première audience était en réalité une sorte d'échauffement : comme dans la plupart des procès d'envergure, le premier jour est en effet celui qui attire le plus de monde, mais aussi le moins intéressant car le débat s'y cantonne à une présentation générale et à une lecture des chefs d'accusation.
Jean-Marie Messier s'est montré plutôt calme, très posé dans ses explications, et même assez souriant, on l'a même vu échanger une plaisanterie avec Guillaume Hannezo, l'ancien directeur financier de Vivendi.
Un visionnaire incompris ?
L'homme d'affaires, aujourd'hui à la tête de la société de conseils aux entreprises en Europe et aux Etats-Unis, Messier Partners, a donné l'impression qu'il se présentait peut-être pas comme une victime, mais en tous cas comme un visionnaire dont la principale erreur a été d'être en avance sur son temps.
"J2M" a ainsi expliqué mercredi au tribunal qu'il avait compris que la convergence réseaux/contenus était l'avenir, mais qu'à l'époque, on le"traitait de fou".
Il a dit assumer les erreurs de stratégie, mais sa prestation n'a pas convaincu les représentants des petits porteurs, qui l'accusent d'avoir menti aux actionnaires et ont encore sa gestion en travers de la gorge : "il a troué le bas de laine des Français, et ça c'est impardonnable", a expliqué l'un d'eux.
Trois principaux chefs d'accusation
Au début des années 2000, alors que Vivendi, ex-Compagnie générale des eaux, était devenue en quelques années un géant de la communication et des médias, après une frénésie d'acquisitions, Jean-Marie Messier aurait menti aux actionnaires dans sa communication financière.
Les parties civiles rappellent sa phrase célèbre : "tout va mieux que bien", alors qu'à l'époque, le groupe croulait sous une dette de plusieurs dizaines de milliards d'euros.  D'ailleurs Jean-René Fourtou, le successeur de Messier, affirmera plus tard que "Vivendi aurait été obligée de se déclarer en faillite dans un délai de 10 jours si Jean-Marie Messier n'avait pas donné sa démission".
Jean-Marie Messier est aussi soupçonné d'abus de biens sociaux. On l'accuse d'avoir particulièrement bien préparé son départ en se faisant octroyer un parachute doré d'environ 20 millions d'euros sans approbation de l'Assemblée générale, et en s'assurant la mise à son service personnel de cadres de la société, de personnel de sécurité après son départ du groupe.
Le dernier chef d'accusation est la manipulation de cours : on lui reproche d'avoir racheté des actions Vivendi à un moment où il n'avait pas le droit de le faire, dans le but de faire gonfler artificiellement le cours.
Au final Jean-Marie Messier risque cinq ans de prison et 375 000 euros d'amende. Mais Didier Cornardeau, le président de l'APPAC, qui représente certains petits porteurs, s'attend au mieux à une légère condamnation avec sursis.



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