jeudi 3 juin 2010

"J2M" contre les petits porteurs, Huit ans après son départ de Vivendi Universal (VU), Jean-Marie Messier espère solder ses comptes avec la justice lors du procès qui s'est ouvert mercredi à Paris.

Jean-Marie Messier Vivendi

Dernier combat judiciaire pour "J2M"? Près de huit ans après son départ forcé de la présidence de Vivendi Universal (VU), Jean-Marie Messier espère solder ses comptes avec la justice lors du procès qui s'est ouvert mercredi à Paris pour des malversations présumées au sein du groupe de médias et communication.



A cette époque, tout réussit à Jean-Marie Messier, surnommé "J2M", qui multiplie cessions et acquisitions pour transformer la ronronnante Générale des Eaux en empire mondial de la communication. Mais en juillet 2002, le mythe s'écroule : malgré une communication euphorique de son PDG, les marchés découvrent que VU est assommée par une dette de 35 milliards d'euros. Son cours chute brutalement. Jean-Marie Messierdémissionne. Le scandale de l'entreprise américaine Enron, acculée à la faillite en décembre 2001 après une fraude comptable massive, est dans toutes les têtes. En colère, les petits porteurs portent plainte tous azimuts, en France et aux Etats-Unis. Au terme d'une instruction fleuve, on est aujourd'hui très loin d'un "Enron à la française", affirme sereinement l'avocat de Jean-Marie Messier, Me Pierre Haïk. "Tout au long de l'enquête, les comptes de Vivendi ont été épluchés et pas un expert n'a pu pointer la moindre fraude", rappelle-t-il.


Parachute doré


Au final, les chefs d'accusation de diffusion d'informations fausses ou trompeuses, de manipulations de cours et d'abus de biens sociaux ont été retenus contre Jean-Marie Messier. Mais là encore, l'ancienne star du CAC 40 revient de loin: les juges ont abandonné plus de la moitié des faits initialement reprochés au prévenu. Reste notamment, s'agissant de la communication trompeuse, une présomption de mensonge sur le niveau d'endettement du groupe lors de la fusion avec Seagram.


L'abus de bien social présumé se rapporte au parachute doré de 20,5 millions d'euros que Jean-Marie Messiers'était fait octroyer sans accord du conseil d'administration, mais auquel il a fini par renoncer. Concernant la manipulation de cours, Jean-Marie Messier est soupçonné d'avoir fait racheter massivement les propres actions de VU dans la foulée des attentats du 11 septembre, en s'affranchissant de la réglementation en vigueur. En juin 2005, la cour d'appel de Paris avait divisé par deux l'amende d'un million d'euros infligée quelques mois plus tôt à l'ancien PDG par l'Autorité des marchés financiers (AMF) pour sa communication triomphale infondée.


Blanchi aux USA


En janvier dernier, dans le volet américain de la procédure, Jean-Marie Messier a été blanchi de tout soupçon. Dans la foulée de ces décisions, sa défense espère obtenir la relaxe devant la 11ème chambre du TGI de Paris où le procès est prévu jusqu'au 25 juin. Fait rare, elle n'aura pas à batailler avec l'accusation: le parquet avait requis dans ce dossier un non-lieu général pour l'ensemble des faits et des prévenus. Mais les petits actionnaires floués, à l'origine de la procédure, comptent faire entendre leur voix. Quelque 150 d'entre eux seront représentés par l'Appac (Association des petits porteurs actifs), partie civile au procès, affirme son président, Didier Cornardeau. A ses yeux, l'affaire pose un enjeu éthique: "on peut admettre l'erreur stratégique d'un dirigeant, mais pas le mensonge". Il estime qu'il en va de l'avenir du système boursier. "Comment imaginer qu'un actionnaire puisse continuer à confier son argent aux entreprises s'il craint d'être trompé ? La seule solution: que justice soit rendue".


Maître Frédérik-Karel Canoy, un avocat qui affirme représenter plus de cent petits porteurs, dénonce pour sa part auprès de TF1 News des "interventions politiques, des pressions sur le  parquet" en affirmant que "le cabinet d'avocats de Nicolas Sarkozy défendait à l'époque la compagnie générale des eaux et Vivendi dans leurs affaires immobilières". Selon lui, il y a eu chez Vivendi "à partir de 1996 des irrégularités comptables. Le bilan ne reflétait pas la sincérité des comptes. C'est un délit, pas une simple erreur de gestion ! Le but était de faire croire que l'action était solide. Quand on dit devant les journalistes : "cela va mieux que bien", alors qu'il y a un endettement de 30 milliards c'est plus qu'un mensonge". "Il y a eu une véritable propagande, un système sophistiqué. Monsieur Messier utilisait des termes comme le "cashflow" qui n'existent pas juridiquement. Face à cette bouillie financière, les spécialistes n'osaient pas révéler leur ignorance", dénonce encore l'avocat.
Par Olivier Levard le 01 juin 2010 à 18:27
source TF1

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