Cependant, comme l’indiquait l’édition du 1er mai 2002 du Wall Street Journal : « Les analystes qui étaient présents ou qui écoutaient ont dit que Vivendi avait cherché à minimiser le problème » [Emphase ajoutée] et Vivendi a admis que la discussion sur les options « put » avait été « facile à manquer » lors de l’atelier de comptabilité. En outre, un diaporama de l’atelier, déposé tardivement auprès de la SEC à titre d’annexe au Formulaire 6-K du 2 mai 2002 de Vivendi ne mentionnait pas les options « put » de Vivendi.
(ii) Le 15 avril 2002, Vivendi diffusa son rapport annuel sur le Formulaire 6-K pour l’exercice 2001. Ce rapport contenait une traduction de ses états financiers de fin d’année 2001. La traduction faisait également vaguement référence aux options « put » de Vivendi :
Suite à la vente de « puts » sur ses actions, Vivendi Universal avait l’obligation, au 31 décembre 2001, d’acheter 19,7 millions d’actions à des prix d’exercice compris entre 60,40 € et 80,00 € en 2002 et 3,1 millions d’actions à un prix d’exercice de 50,50 € en janvier 2003.
Par conséquent, le rapport annuel de Vivendi ne clarifiait pas vraiment les risques courus par Vivendi ni ses obligations relatives aux options « put ». par exemple, hormis le fait de préciser que Vivendi serait contrainte d’acheter 3,1 millions d’actions en janvier 2003, le rapport se gardait bien d’informer les investisseurs de l’ampleur, le cas échéant, des obligations de la Société concernant les « puts » après le 31 décembre 2001. Le rapport se gardait également d’indiquer si les options étaient susceptibles d’être exercées, étant donné la chute du cours de bourse de Vivendi, ni de décrire leurs possibles retombées défavorables sur la liquidité de Vivendi.
(iii) Le 18 avril 2002 (comme cela fut rapporté le 1er mai 2002 par le Wall Street Journal) Laura Martin, qui dirige le service des relations investisseurs de Vivendi, envoya un e-
- 85 -
mail à des analystes sélectionnés, soi-disant pour clarifier les obligations de Vivendi concernant les options « put » :
Signe que Vivendi était elle-même consciente de ne pas avoir suffisamment expliqué les conséquences des options « put », Laura Martin, qui dirige le service des relations investisseurs de la Société, a envoyé un e-mail à quatre analystes le 18 avril faisant clairement état de ces options « put ».
Dans son e-mail, Mme Martin expliquait que Vivendi avait 18 millions d’options « put » en circulation, que la Société avait vendues à des parties non divulguées au prix de 12 euros l’option, et qui étaient assorties d’un prix d’exercice de 69 euros. Elle estimait que leur impact sur le bilan de la Société était compris entre 50 millions d’euros et 1,2 milliards d’euros. L’e-mail continuait en indiquant que, bien qu’ayant été levées auparavant lors de l’atelier de comptabilité du [6 mars 2002] les options « put » étaient « faciles à rater ».
Pourtant, la « révélation sélective de Mme Martin » n’indiquait pas de calendrier pour les futures obligations de Vivendi, empêchant ainsi les analystes et les investisseurs d’évaluer de manière raisonnable les flux de trésorerie de Vivendi dans le futur immédiat. En outre, la fourchette de passif potentiel indiquée par Mme Martin perdait toute signification du fait de son ampleur et de la non-indication de l’échéance de l’obligation.
(iv) Ce ne fut par conséquent que le 28 mai 2002, sur son Formulaire 20-F pour l’exercice 2001, que Vivendi commença à informer les investisseurs des véritables effets potentiels défavorables résultant des options « put ».
Hormis un « put » vendu en 1998, en 2001 Vivendi Universal a vendu à des banques des options « put » portant sur 19,7 millions d’actions ordinaires à des prix d’exercice compris entre 60,40 € et 80,00 € à échéance 2002 et 3,1 millions d’actions ordinaires à un prix d’exercice de 50,50 € à échéance janvier 2003. Au 30 avril 2002, environ 16 millions de ces options « put » sont encore en circulation…
Le passif éventuel de Vivendi Universal relatif à ces options « put » est d’environ 1,1 milliards d’euros pour régler les 16 millions d’options « put » en circulation à
- 86 -
un prix moyen de 69 euros par put et d’environ 540 millions d’euros pour régler les 16 millions d’options « put » en circulation en payant aux banques la différence entre le prix moyen de 69 euros par put et le cours de bourse par action ordinaire de Vivendi Universal au 30 avril 2002.
Par la suite, un article publié par The Economist le 7 juin 2002 indiquait que Hannezo avait confirmé que Vivendi utilisait sa trésorerie chaque mois pour racheter les options « put » devenues très chères.
(v) Dans ses états financiers semestriels 2002 publiés le 14 août 2002, Vivendi annonça l’impact que ses obligations avaient eu au cours du seul premier semestre 2002 :
Au 30 juin 2002 et au 31 décembre 2001, Vivendi Universal avait des obligations en circulation, portant respectivement sur 13,9 millions et 22,8 millions d’actions. Les prix d’exercice moyens étaient respectivement de 69 € et de 70 €, ce qui correspond à un engagement potentiel respectivement de 953 millions d’euros et 1 597 millions d’euros. Ces options « put » ne peuvent s’exercer qu’à la date spécifique de l’option et expirent à différentes dates en 2002 et au cours du premier trimestre 2003.
* * *
Le coût pour Vivendi Universal pendant le premier semestre 2002 du fait de l’exercice, par les détenteurs des options, de leurs droits, s’est élevé à 239 millions d’euros.
L’ampleur du problème de liquidité non divulgué
184. Comme le rapporta par la suite le Wall Street Journal dans un article intitulé « How Messier Kept Cash Crisis Hidden for Months : Media Giant Was At Risk Well Before Investors Knew « [Comment Messier conserva pendant des mois le secret de la crise de liquidité de Vivendi : le géant des médias était en danger bien avant que les investisseurs le sachent] et daté du 31 octobre 2001, la boulimie d’acquisitions de Vivendi, combinée avec les autres facteurs évoqués dans les paragraphes qui précèdent, avaient placé la Société au bord de la catastrophe :
Le 13 décembre [2001], Guillaume Hannezo envoya à Jean-Marie Messier, Président de Vivendi Universal SA, une réponse manuscrite désespérée :
« J’ai…l’impression désagréable d’être dans une voiture dont le conducteur accélère dans les tournants alors que c’est moi qui suis à la place du mort » écrivait M. Hannezo, Directeur Financier de la Société. « La seule chose que je demande est de ne pas finir dans la honte. » - 87
mardi 2 février 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laissez vos impressions