Lors de son procès devant la cour d'appel de Paris, l'ex-PDG de Vivendi a expliqué ses déboires par une "campagne de lynchage" menée par le quotidien 'Le Monde'.
Assis sur le banc des accusés depuis deux semaines à l'occasion de son procès en appel, Jean-Marie Messier se défend pied à pied. L'ex-PDG de Vivendi admet quelques rares erreurs, mais pointe aussi d'autres responsables de ses déboires, notamment la presse. Il assure avoir subi "une campagne de lynchage médiatique légèrement difficile à supporter. Les journalistes adorent détruire ceux qu'ils ont mis la veille sur un piédestal".
J2M dénonce en particulier "une campagne de lynchage médiatique du journal Le Monde". Le quotidien du soir "nous bassinait tous les trois jours avec une 'une' sur des points des comptes [de Vivendi] qui se sont avérés parfaitement erronés".
"Le Monde, c'est moi"
Jean-Marie Messier dénonce aussi les liens entre le quotidien du soir et Pierre Lescure, le patron de Canal Plus. La chaîne cryptée était un actionnaire minoritaire du quotidien, ce qui permettait à Pierre Lescure d'être membre de son conseil de surveillance.
J2M raconte ainsi qu'en avril 2002, lorsqu'il a convoqué Pierre Lescure pour lui signifier son départ, celui-ci a décalé le rendez-vous en début d'après-midi afin de pouvoir arriver avec la dernière édition du Monde. J2M affirme: "Pierre Lescure est arrivé avec pour seul document Le Monde, dont la 'une' voulait me mettre en difficulté, en me disant: 'tu vois, Le Monde c'est moi. Maintenant, commençons la conversation...'".
"Messier est un homme mort"
Mais, mardi 12 novembre, J2M a fait encore mieux. Il a fait citer comme témoin Denis Jeambar, qui dirigea l'Express de 1996 à 2006, à une période où l'hebdomadaire appartenait à Vivendi.
Le journaliste a lui aussi tiré à boulets rouges sur Le Monde. "Nous avons subi une guerre permanente, un harcèlement injuste. J'ai même été traîné dans la boue dans un éditorial".
Selon lui, cette animosité était dûe au fait que Le Monde avait tenté -en vain- de racheter L'Express en 1997. "cela n'a pas aboutit car Le Monde n'avait pas les moyens de racheter L'Express, qui valait 500 millions de francs [76 millions d'euros]. Le Monde et ses dirigeants ont essayé par tous les moyens de pression pour me convaincre, puis pour m'écarter".
Denis Jeambar rapporte des propos qu'aurait tenus Jean-Marie Colombani, à l'époque directeur du quotidien du soir: "si Jean-Marie Messier ne nous donne pas L'Express, Jean-Marie Messier est un homme mort".
Un compte à régler
Au passage, Denis Jeambar assure que J2M était un actionnaire exemplaire: "de 1997 à 2002, jamais Jean-Marie Messier ne m'a jamais demandé quoi que ce soit, ou reproché quoi que ce soit. J'ai fait mon travail en toute indépendance. Je n'ai jamais donné de consignes à mes journalistes" sur le traitement de Vivendi.
Quand on lui demande si l'hebdomadaire a traité des problèmes de dette du groupe, Denis Jeambar assure que oui: "ce n'était pas nécessairement [des articles] critiques, cela rendait compte de la situation".
Reste que ce témoignange intrigue l'assistance, qui ne voit pas le rapport avec les débats très techniques qui se tiennent depuis deux semaines. Un spectateur suppose: "visiblement, Messier a toujours un compte à régler avec Le Monde plus de dix ans après...".
Source: Jamal Henni
Le 13/11/2013 à 13:17
photo: Jean-Marie Messier et Pierre Lescure fin 2000. (Reuters)
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