Devant la cour d'appel de Paris, l'ancien PDG de Vivendi a reglé ses comptes avec les "conjurés" qui ont comploté pour le faire partir.
Mercredi 6 novembre, la cour d’appel de Paris s’est projetée onze ans en arrière, pour revivre la chute de Jean-Marie Messier, narrée par l’intéressé lui-même. Comme en première instance, l’ex-PDG de Vivendi a eu recours à moult trémolos dans la voix. Mais cette fois, il a aussi réglé quelques comptes avec les «conjurés» qui ont eu sa tête.
Le premier fut Edgar Bronfman Jr, vice-président du conseil d’administration, que J2M appelle «l’héritier». Le 25 juin 2002, l’américain demande la tête du PDG lors d’un conseil d’administration tendu. Mais cette résolution est rejetée à 9 voix contre 5. «Edgar Bronfman Jr menait la charge. Le conseil était divisé en deux clans. Tous les administrateurs américains ont voté ma révocation, mais tous les administrateurs européens ont voté la confiance», rappelle J2M, qui, après avoir sauvé sa tête, déclare: «on se remet au travail».
"Le dernier des imbéciles"
A ce moment là, «j’étais loin de savoir que Jean-René Fourtou avait été contacté pour me succéder. Des dizaines, des centaines de personnes à Paris étaient au courant, mais j’étais le dernier des imbéciles à ne pas le savoir. Comme souvent dans un putsch, vous êtes le dernier informé…».
Son avocat Francis Szpiner précise: «Fourtou n’avait pas encore répondu car il était en croisière…»
Le répit de J2M n’est que de courte durée. Le 28 juin, deux administrateurs français, Jacques Friedmann et Henri Lachmann, viennent lui demander de démissionner. « Je refuse, car j’avais la certitude que la stratégie menée était la bonne. Et dix ans après, je n’étais pas loin d’avoir raison sur la vision de Vivendi. La vision qu’on voulait appliquer est devenue d’une banalité affligeante», assure J2M, toujours persuadé d’avoir «eu raison trop tôt».
Ce jour là, il propose plutôt aux administrateurs de convoquer une assemblée générale, «où je pourrais m’expliquer devant les actionnaires, projet contre projet.»
La duplicité des administrateurs
"Tempête sous un crâne"Mais, quelques heures après cette visite, «j’apprends que Fourtou a été contacté et a accepté. En fait, ceux qui m’avaient soutenu attendaient cette réponse pour tirer le tapis. Je me rends compte de la duplicité des mes administrateurs. Ils ont démontré que le courage est une qualité bien moins répandue que la duplicité…»
Mais ce n’est pas tout. Le directeur financier Guillaume Hannzeo «vient me voir pour me parler de l’attitude de banques liées aux conjurés» -allusion à la BNP et Barclays, qui veulent restreindre leurs crédits.
J2M apprendra aussi que «le clan américain avait donné 8 jours [pour le faire partir] sous peine de démissionner du conseil d’administration. Or on ne peut pas gouverner un groupe sans conseil d’administration, ou avec une division complète de la gouvernance. Je n’aurais pas tenu.»
Après une «tempête sous un crâne», le PDG rend les armes et accepte de partir: «je me rends compte que je suis battu sans pouvoir me battre».
S’ensuit un coup de blues: «j’étais complètement anéanti. J’ai été trompé, chassé et humilié. Je me retrouve sans rien. Je n’ai pas de boulot. J’ai subi une campagne de lynchage médiatique légèrement difficile à supporter. Et je sais ce qui m’attend derrière, c’est-à-dire le gouffre et le néant...»
Au passage, la juge Filippini aborde la question du contrat de travail américain de J2M. Elle cite plusieurs administrateurs dont Serge Tchuruk ou Bernard Arnault qui assurent n’en avoir jamais entendu parler. «Concernant les déclarations de Serge Tchuruk et Bernard Arnault, c’est un peu fort. Cela veut dire soit qu’ils n’écoutaient pas en conseil d’administration, soit qu’ils ne lisaient pas les minutes… Certains administrateurs ont une mémoire sélective…», rétorque J2M.
Au final, J2M dresse -sans surprise- un bilan globalement positif de son action. «Certes, il y a eu une crise de défiance vis-à-vis de moi. Mais elle a été manipulée et amplifiée par certains médias. Et la survie du groupe n’était pas en risque. Il y a toujours eu plus d’un milliard d’euros de trésorerie. Et, depuis 10 ans, j’ai montré qu’on pouvait être dans la panade, et s’en sortir seul, se reconstruire…».
Source: BFM
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