Les ramifications liées à la manipulation du taux interbancaire n'en finissent plus d'apparaître au quatre coins du monde. Après le Libor londonien, l'Euribor européen, le Sibor singapourien et le Tibor japonais, c'est au tour du Hibor (Hongkong inter-bank offered rate) chinois d'être l'objet de soupçons et de fairetrembler les banques, UBS la première.
Deux jours à peine après avoir annoncé la conclusion d'un accord avec les autorités britanniques, suisses et américaines – en acceptant de payer une amende de 1,1 milliard d'euros –, la banque suisse est de nouveau inquiétée, cette fois par la banque centrale de Hongkong.
"POSSIBLES INFRACTIONS"
L'Autorité monétaire hongkongaise a en effet indiqué jeudi 20 décembre l'ouverture d'une enquête, après avoir reçu des informations au sujet de "possibles infractions" d'UBS sur la fixation du taux interbancaire sur le territoire autonomne chinois, ainsi que d'autres références en Asie – ce qui pourrait valoir à l'établissement helvète une nouvelle condamnation.
Consciente des dysfonctionnements liés à la fixation du Hibor, l'Association des banques de Hongkong s'était déclarée favorable, fin novembre, à une série de réformes, incluant la mise en place d'un code de bonne conduite ainsi que la réduction du nombre de taux inclus dans le système.
ENQUÊTE À SINGAPOUR
Si elle a reconnu sa culpabilité dans ce qui s'annonce déjà comme le premier volet de l'affaire, UBS reste malgré tout exposée à la sanction des autres régulateurs internationaux.
Déjà, en octobre, lors de la présentation de ses résultats trimestriels, la banque avait admis faire l'objet d'une enquête sur des soupçons de manipulation de taux à Singapour. En juillet, l'Autorité monétaire de Singapour avait ordonné aux membres de l'Association des banques de Singapour de procéder à un audit des conditions de fixation des taux interbancaires de référence, dont le Sibor (Singapore interbank offer rate). Fin septembre, cette enquête était étendue à d'autres taux.
"DISCUSSIONS ACTIVES"
Depuis, la banque suisse fait profil bas : "Nous continuons de coopérer étroitement avec plusieurs autorités de régulation pour résoudre des problèmes liés à la fixation de certains taux d'intérêt de référence. Puisque nous sommes actuellement en discussions actives avec ces autorités, nous ne pouvons faired'autre commentaire", a encore déclaré jeudi un porte-parole d'UBS à Hongkong.
Hormis UBS, vingt autres établissements financiers – dont JPMorgan, Citigroup ou Société générale – sont encore poursuivis dans le cadre de cette affaire. Barclays, par qui le scandale a éclaté fin juin, a été la première à être condamnée. Son amende, de 360 millions d'euros, est trois fois moindre que celle payée par UBS, six mois plus tard.
Anna Villechenon
Le scandale du Libor aurait coûté 3 milliards de dollars à Fannie Mae et Freddie Mac
Les organismes de refinancement hypothécaire américains Fannie Mae et Freddie Mac "pourraient avoir perdu plus de 3 milliards de dollars" à cause de la manipulation du Libor, selon un article mis en ligne (lien abonnés) mercredi 19 décembre par le Wall Street Journal. Selon le quotidien américain, c'est la conclusion d'un rapport interne à l'Agence fédérale pour le financement du logement – l'organisme public qui assure la tutelle des deux groupes depuis leur nationalisation en 2008.
Non publié, ce rapport demande à Fannie Mae et Freddie Mac d'envisager des poursuites judiciaires contre les banques impliquées dans le trucage du taux interbancaire pratiqué à Londres qui sert de référence pour des produits financiers de toutes sortes, notamment des prêts immobiliers, dans le monde entier, ajoute le journal. Selon son estimation, les pertes supposées seraient relativement faibles par rapport au portefeuille de plus de 1 000 milliards de dollars d'actifs liés au Libor et détenu par les deux groupes. (– avec AFP)
Source: Le Monde.fr Par Anna Villechenon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laissez vos impressions