Bourse . Le régulateur londonien entend encadrer l’indice afin d’éviter de nouvelles affaires.
La Bourse de Londres tente de sortir par le haut du scandale du Libor. Le gendarme boursier local (Financial Service Authority, FSA) vient de dévoiler un projet de réforme de cet indice, en dépit de sa «perte de crédibilité». Pour mémoire, le Libor (London Interbank Offering Rate), à l’instar du Pibor à Paris ou du Tibor à Tokyo, est le taux d’intérêt auquel les banques acceptent de se prêter entre elles. Il est fixé à la bonne franquette, entre une quinzaine de banques mondiales : chaque jour, les principales se réunissent et, après élimination des taux les plus bas ou les plus élevés, un taux moyen est affiché. Ce n’est donc pas un taux de marché, mais la porte ouverte à toutes les manipulations, comme l’affaire Barclays l’a démontré cet été : la banque a accepté de verser 450 millions de dollars (350 millions d’euros) contre l’extinction des poursuites.
Une solution aurait été de supprimer purement et simplement le Libor, en tant qu’outil financier dévoyé. Mais Londres est l’une des principales places financières au monde (si ce n’est la première pour les produits dérivés), son Libor faisant référence pour 350 000 milliards de dollars de transactions à travers la planète. Difficile de les priver du jour au lendemain de tout support, d’autant que le Libor, en dépit du scandale, n’a pas perdu sa faculté d’arbitrer les élégances financières à travers le monde.
Le projet, présenté en fin de semaine dernière par la FSA, vise juste à le réformer. Première mesure : des 150 différentes déclinaisons du Libor (taux à un jour, une semaine ou un mois, en dollars, euros ou yens), il n’en resterait plus qu’une vingtaine (avec suppression de sa version en couronnes danoises ou dollars australiens), plus faciles à contrôler. Surtout, le gendarme londonien va superviser son calcul : les banques continueront d’afficher le taux auquel elles acceptent de se prêter entre elles, mais la FSA entérinera désormais le résultat final.
Au passage, il imposera aux établissements financiers un code de bonne conduite : il vaudra notamment en cas de faibles échanges interbancaires, quand il n’y a pas de taux de marché faute de marché digne de ce nom, les banques se contentant alors d’estimations au doigt plus ou moins mouillé.
Enfin, la fraude au Libor ne sera plus passible d’une amende (selon une étude de Morgan Stanley, l’ensemble des banques concernées par le scandale du Libor risqueraient une ardoise de 14 milliards de dollars), mais d’une éventuelle peine de prison.
Source: Libération Par RENAUD LECADRE
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