jeudi 18 octobre 2012

Vincent Bolloré va désormais peser sur la stratégie de Vivendi


Avec un rang de premier actionnaire et une place au conseil de surveillance, l'homme d'affaires devient incontournable au sein de Vivendi. Mais l'évolution du périmètre du groupe reste encore soumise à de nombreuses incertitudes.



Une place de premier actionnaire avec 5,01 % du capital et bientôt une place au conseil de surveillance du groupe. Ecrite depuis un an avec la vente de ses chaînes Direct 8 et Direct Star au groupe Canal+ (filiale de Vivendi), l'arrivée de Vincent Bolloré en tant que nouvel homme fort de Vivendi devient aujourd'hui une réalité.
Et, comme il l'a souvent déclaré par le passé pour ce qui concerne les médias, son implication dans Vivendi s'inscrit dans le long terme. « Ce chiffre [5.01 % de Vivendi, NDLR] est celui que le Groupe Bolloré avait annoncé comme le niveau de participation que le Groupe souhaitait atteindre et conserver sur le long terme », a indiqué brièvement le groupe dans un communiqué diffusé mardi matin.
Au-delà du seul aspect symbolique de devenir le premier actionnaire du groupe, ce niveau de 5,01 % de détention de Vivendi a déjà des implications lourdes pour Vincent Bolloré. Passé un délai de deux ans, il lui permettra en effet de bénéficier du régime fiscal dit mère-fille et donc de ne pas être imposé sur les dividendes versés par Vivendi. Les montants en jeux sont importants puisque l'année dernière, le groupe a versé un dividende de 1 euro par action, ce qui représente l'équivalent de 66 millions d'euros pour Vincent Bolloré.

Mettre fin à la décote du holding

Au-delà de ce seul aspect fiscal, l'implication de Vincent Bolloré dans Vivendi est aussi industrielle. L'histoire en est à ses débuts entre un groupe en pleine réflexion sur l'évolution de son périmètre, et dont le désengagement des télécommunications semble se préciser, et un homme dont les ambitions dans les médias ont été multiples depuis maintenant quinze ans. Jusqu'à présent, Vincent Bolloré n'influe pas directement sur la stratégie de Vivendi. Avec Jean-René Fourtou, ils se connaissent depuis longtemps. Les intérêts de l'investisseur breton sont parfaitement alignés sur ceux du président du conseil de surveillance de Vivendi : Jean-René Fourtou veut mettre fin à la décote de holding et à l'incertitude pesant sur le sort du groupe pour faire remonter un cours de Bourse déprimé, ce à quoi Vincent Bolloré adhère.
Le plan du président du Conseil de surveillance consiste à vendre les télécoms. Idéalement, Jean-Yves Charlier, qui a pris en main les actifs télécoms au 1er octobre, espère récupérer aux alentours de 20 milliards pour SFR, 7 milliards de GVT ou encore 5 milliards pour Maroc Telecom. Ainsi, le nouveau Vivendi recentré sur Canal+, Universal Music et Activision pourrait se délester de l'essentiel de sa dette (14 milliards d'euros prévus fin 2012). De plus, une fois ces actifs cédés, il aurait une vingtaine de milliards d'euros en poche pour procéder à des acquisitions ou à des investissements structurants. Soit quasiment la valeur actuelle de Vivendi en Bourse (21 milliards d'euros)...
Mais Vincent Bolloré n'est pas un partenaire facile, et le vrai test de ce plan sera dans sa mise en oeuvre. Qui est prêt à mettre 20 milliards d'euros dans SFR aujourd'hui ? Certainement pas Numericable, en tout cas. Vincent Bolloré va veiller au grain sur les valorisations. Au fond, peu lui importe qu'on garde ou qu'on vende SFR. Même si par le passé l'homme d'affaires a montré peu de goût pour ce métier très régulé, soumis aux aléas politiques, et s'il a cherché à délester Bouygues de sa filiale télécoms, il n'a pas de religion. Rien n'est gravé dans le marbre pour Vivendi

Source: Les Echos,

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