Romain Zaleski veut en finir avec les Duval. Le 20 mai, lors de l'assemblée générale d'Eramet, l'homme d'affaires, détenteur de 12,87 % du capital, réclamera la révocation des quatre administrateurs membres de la famille Duval, l'actionnaire principal (36 %). Dans sa lettre au président, Monsieur Z n'y est pas allé de main morte : « Défaillances opérationnelles et stratégiques » ; « incompétence managériale des représentants de la famille Duval » ... En outre, il conteste, devant la justice, l'évaluation des apports de la famille Duval lors de la fusion avec Eramet en 1999. Ambiance explosive garantie.
Exit les assemblées générales (AG) aux allures de chambre d'enregistrement ? Cette année, rares sont les dirigeants à vivre des AG vraiment tranquilles. Certes, Martin Bouygues n'a été épinglé que sur les émissions racoleuses de TF1 et la médiocrité des cadeaux offerts aux actionnaires - quatre ans de suite le même cartable Bouygues ! Carlos Ghosn a été réélu à 84 % à la tête de Renault. Et Bernard Arnault (LVMH) a suscité de vagues murmures avec sa proposition de nommer Bernadette Chirac au conseil, votée elle aussi à une large majorité. Mais ailleurs, les actionnaires sont plus virulents. « Ils ont enfin compris qu'ils avaient un droit de regard, se félicite Colette Neuville, présidente de l'Adam. On est à la moitié du chemin, l'autre moitié étant d'avoir des moyens de contrôle. »
En attendant, les plus véhéments se lâchent. A Vivendi, maître Frédérik-Karel Canoy s'est attaqué au président du conseil de surveillance, Jean-René Fourtou, sur la condamnation de Vivendi, fin janvier, lors de la class action aux Etats-Unis. « Pourquoi n'avez-vous pas négocié, au lieu de passer votre temps à harceler les avocats des minoritaires ? Vous avez même fait pirater l'ordinateur de l'un d'entre eux par un ancien du GIGN ! » a accusé le président de l'Association syndicale des actionnaires. Tout aussi enflammés, des gérants de supérette du groupe Casino sont devenus actionnaires pour interpeller Jean-Charles Naouri sur leur infortune actuelle. Idem pour d'ex-salariés de Moulinex, dont Naouri a été actionnaire, et qui a déposé le bilan.
Explications forcées
« Ce sont les faits qui obligent les dirigeants à rendre des comptes, à préserver leurs fonds propres en respectant les actionnaires », dit Pierre-Henri Leroy, président du cabinet Proxinvest. Arnaud Lagardère en sait quelque chose : menacé par Guy Wyser-Pratte, il a dû s'expliquer sur sa stratégie - sans forcément convaincre. Si le business model de Franck Riboud (Danone) n'a pas été remis en cause, ses actionnaires lui ont demandé de « redescendre sur terre » côté salaire. Riposte, visiblement préparée à l'avance : l'annonce du remplacement des stock-options par des actions de « performance » liées aux résultats futurs.
Henri de Castries (Axa) s'est aussi expliqué sur ces actions. Curieusement, il n'y a pas eu de charge contre son projet de passer d'une structure bicéphale à un conseil d'administration, qui l'a consacré PDG. Frédéric Oudéa, lui, ne débattra même pas de la proposition du fonds PhiTrust de dissocier les rôles de président et de directeur général à la Société générale. Son conseil a botté en touche avant même l'AG du 25 mai. Ouverte quelques jours avant le procès de Jérôme Kerviel - accusé ultra-offensif dans les médias -, elle risque tout de même d'être agitée.
Thuy-Diep NGuyen
source: Challenges
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