vendredi 22 juin 2012

Vous l’attendiez avec une légitime impatience : troisième et ultime plateau-télé, après six semaines de trépidations électorales. Pas le moins rigolo, mais gaffe à l’addition !


Autant, avant les deux tours de la présidentielle, il pouvait y avoir un peu d’angoisse dans l’air, autant, pour les législatives, la seule question qui se posait était de savoir qui laisserait sa peau dans cette affaire. Chacun ayant sa tête de turc, à droite ou à gauche, le jeu de massacre s’annonçais succulent. Finalement, le monde politique est plein de gens qu’on n’aimerait plus voir. On n’a pas été déçus…

PAS DE PERCHOIR
POUR LA PERRUCHE


Avant même que sonne l’heure égale des résultats à la télé (ce qui est vraiment éclairant sur la stabilité émotionnelle et l’obéissance aux lois chez celle qui aurait pu devenir présidente de la République), la pieuvre Ségolène a jeté son encre pour bien marquer de noir cette journée plutôt rose.

Le narcissisme jusque dans la débâcle, c’est son style, Ségolène, c’est un tailleur chic autour d’un nombril, tout le monde vous le dira.

Elle s’est pris à La Rochelle (capitale des filles ardentes) une baffe considérable, un de ces scores qui obligerait à réfléchir toute personne … normale. Après l’antisarkozisme, l’antiroyalisme a fait le ménage. Et dans un cas comme dans l’autre, on récolte ce que l’on sème : trop de tchatche, trop d’égo, trop de combines, trop de passages en force, trop de fautes de français, trop de nombrilitude, pas assez d’analysation.





En 2007, elle a momentanément brillé comme une perle dans le désert de la gauche, et elle a montré des talents ; on mesure maintenant ce qu’était ce désert, et ce qu’est le talent. De façon stupéfiante, face aux caméras, elle est à deux doigts de dire que sans les électeurs, elle aurait sûrement gagné. Il aurait été mieux venu, plus élégant et sûrement plus militant de s’excuser pour le faux calcul, le bordel, la casse. Malaise : une scène à oublier, et les condoléances fraternelles des socialos (parfois du bout des lèvres) ont emprunté le lexique des généralités fumeuses sur le « rôle à jouer » que conservait la dame, comme s’il fallait qu’on l’aime pour sa maladresse et sa capacité de foutre le souk partout où elle passe. Pujadas ne savait plus quoi dire, assez embêté de voir sa chaîne transgresser la loi, il s’est rattrapé ensuite en enfonçant bien les clous : on en a parlé et reparlé, du siège de La Rochelle !

PAS DE PAU

Puis ce fut le quart d’heure béarnais. Bayrou illustre parfaitement la thèse selon laquelle l’enfer est pavé de bonnes intentions. Et lui, en matière d’intentions, il tient le haut du pavé. Il devait gagner ces élections présidentielles, de méchants concurrents ont fait qu’il les a perdues haut la main.

Il devait réconcilier les Français, il n’a pas réussi à réconcilier ses militants qui sont partis à droite et à gauche, selon le vent. Lui, il a choisi Hollande, persuadé que le grand homme, reconnaissant, l’appellerait à éclairer sa route, sa conscience et la véranda de l’Elysée.

On ne lui a même pas épargné une candidate socialiste, une jeunette pleine de niaque qui finalement a gagné le canard gras et la bourriche sans forcer, à la régulière, au petit trot.

L’homme qui murmurait à l’oreille des ânes se retrouve simple conseiller municipal d’opposition d’une préfecture où il est malheureusement écrasé par le souvenir d’Henri IV et de Bernadotte, qui a bien réussi, lui, puisqu’il a fini roi de Suède.

Il reste en ce rassembleur qui n’a jamais vraiment rassemblé personne un goût prononcé pour les prophéties sombres, c’est la Cassandre des gaves, le Messie des haras, la Pentecôte béarnaise : c’est son côté Droopy prêchant l’Apocalypse. Comme Ségolène, il émeut dans la défaite, moi un peu, ma femme beaucoup, mais elle a la pitié facile.

Face aux micros, la pauvre, le pauvre, ils font leur confiture avec les fruits de la compassion, car ils ont en commun une sorte de mysticisme égocentrique et évangélique qui déroute le sens commun – ils portent leur âme à l’extérieur, et forcément, elle morfle. A force de traverser des déserts, Bayrou va finir par se laisser pousser deux bosses ; et à force de prendre du recul, il va tomber de l’estrade.

GAZOUILLIS

En tout cas, Ségolène ne pourra pas raconter qu’elle a péri à cause de la perfide madame qui squatte à l’Elysée avec désormais le titre peu enviable de première twitteuse de France. C’était râpé de toute façon. Mais, du coup, l’accident fait deux victimes, parce que @valtrier, comme on l’appelle chez les sourds-muets, ne sort pas reluisante de ce tas de boue.

Si j’étais grossier comme du pain d’orge, je dirais qu’à force de proclamer qu’elle ne voulait pas être une potiche, elle s’est comportée comme une gourde. Mais, délicat comme la rose à peine éclose, je ne le dirai pas.



Source: Bakchich, Par
Jacques Gaillard

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