mardi 25 octobre 2011

Espionnage contre Greenpeace : forte amende requise contre EDF

Le parquet a requis hier 1,5 million d'euros contre le groupe énergétique français. Ce dernier comparaît pour un piratage informatique ayant visé en 2006 des responsables de Greenpeace.
Derniers jours de procès. Premières plaidoiries des parties civiles. Réquisition. La journée a plutôt mal commencé hier pour EDF, soupçonné d'espionnage à l'encontre de Greenpeace. Depuis une semaine, huit prévenus, dont la société EDF, comparaissent pour un piratage informatique ayant visé en 2006 l'organisation écologique et particulièrement l'ordinateur de son directeur des campagnes, Yannick Jadot. « C'est un dossier sans précédent que vous allez avoir à juger », s'est exclamé William Bourdon, plaidant pour Frederick Karel Cannoy, avocat dont l'ordinateur aussi a été espionné. « La sanction que vous allez prendre doit être didactique, pédagogique, forte☻ [...] contre ses effractions dans l'intimité des citoyens. »
« Arrogance et mensonge »
Plus tôt dans la matinée, l'avocat de Greenpeace, Alexandre Faro avait stigmatisé « l'arrogance et le mensonge » d'EDF qui aurait « déguisé le piratage en mission de veille anonyme ». Accusé de complicité de piratage informatique et recel de documents confidentiels obtenus frauduleusement sur l'ordinateur de Yannick Jadot, EDF nie les faits et dit avoir été victime d'un contractant qui aurait outrepassé sa mission.
Le parquet, l'après-midi, n'a pas rassuré EDF. Benjamin Blanchet, le substitut du procureur, décrit d'emblée une « affaire emblématique car elle innerve l'ensemble de la société par ses atteintes aux principes fondamentaux ». Au final, il requiert une amende de 1,5 million d'euros contre EDF. Une amende lourde et surtout très symbolique pour le groupe énergétique français, en plein débat sur le nucléaire après la catastrophe de Fukushima. Ses avocats devront aujourd'hui défendre les arguments devant le tribunal.
Leur tâche sera d'autant plus difficile que le procureur de la République a également requis une peine d'emprisonnement de trois ans, dont trente mois avec sursis et mise à l'épreuve, assortie d'une forte amende contre les deux anciens responsables de la sécurité du groupe EDF. Ils sont soupçonnés d'avoir mandaté une officine privée pour s'introduire dans l'ordinateur de Yannick Jadot, aujourd'hui eurodéputé Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et porte-parole de la candidate à l'élection présidentielle Eva Joly.
Le magistrat a attaqué des « méthodes de police parallèles totalement inacceptables dans un Etat de droit ». Une cybercriminalité qui « porte atteinte à ce qui constitue le patrimoine personnel de chaque individu » et dont « nous pouvons tous être des victimes potentielles », martèle le magistrat.
Contre l'expert en informatique qui est à l'origine de l'envoi du « cheval de Troie » espion, le procureur a requis cette fois deux ans de prison, dont un an avec sursis, et 10.000 euros d'amende. Les plaidoiries de la défense sont attendues aujourd'hui.
VALÉRIE DE SENNEVILLE, Les Echos

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