Jean-Marie Messier a gagné son "day in court", comme disent les Américains. Ses mots ont emporté la conviction du jury convoqué dans le cadre d’une class action (action de groupe) ouverte en 2002 et jugée depuis octobre. "Je n’ai jamais commis de fraude. Jamais, jamais, jamais", avait-il juré le premier jour de l’audience. Tombé hier soir à New York, le verdict du tribunal fédéral de New York l’innocente ainsi que son ancien directeur financier, Guillaume Hannezo. Pour eux l’affaire est définitivement close. Mais Vivendi écope d’une condamnation pour communication trompeuse par imprudence qui pourrait lui coûter plusieurs milliards de dollars. "C’est une décision absurde ce qui nous rend optimiste sur la suite car nous allons faire appel", déclare au JDD Me Hervé Pisani, qui avocat français de Vivendi.
L’absence à l’audience de Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de la société, également convoqué, a sans doute joué en défaveur de Vivendi. Les plaignants français savourent une victoire qui paraissait bien improbable en 2002. Colette Neuville, partie prenante à l’action américaine, se félicitait du verdict hier. "Le chiffre de quatre milliards de dollars de dommages et intérêts, s’il est confirmé, est un record et donc un réel succès. Je regrette que Messier en sorte indemne. Pour Hannezo c’est plus normal." Me Frederik Karel-Canoy, qui représente un millier d’actionnaires, tient son explication. "Le sujet était trop technique pour les onze jurés. Mais le fait que Vivendi ait été condamné est la seule chose importante, après tout la société est bien plus solvable que Messier."
Dix-huit mois pour évaluer les dommages
Les plaignants réclamaient jusqu’à 11,5 milliards. A chaud, leur avocat Arthur Abbey avançait le chiffre de 4 milliards de dollars. Un montant aussitôt contesté par Vivendi qui brandit la menace d’une "action pour diffusion d’information trompeuse." Un comble. Le chiffrage va prendre près de dix-huit mois. "Il faut examiner les achats et ventes de tous les actionnaires de la class action. Ce chiffre de quatre milliards est agité pour créer une panique de marché et nous contraindre à transiger", affirme Me Hervé Pisani. "L’épisode américain est tourné. Pour moi, le combat judiciaire ne fait que commencer", prévient Me Canoy. En France, J2M a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris dans le dossier des malversations présumées au sein du groupe. Il risque plus de cinq ans de prison (avec sursis) pour diffusion d’informations fausses ou trompeuses, manipulation de cours et abus de biens sociaux. Les auditions auront lieu du 2 au 25 juin.
Bruna Basini et Nolwenn Le Blevennec - Le Journal du Dimanche
Samedi 30 Janvier 2010
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