L’Oréal vole au secours de son ex-patron. Le leader mondial des cosmétiques a démenti, hier, les accusations contre Lindsay Owen-Jones, qui a cédé le mois dernier la présidence du conseil d’administration à son successeur, Jean-Paul Agon. Comme l’a révélé 20 Minutes, trois plaintes accusant Owen-Jones et deux autres anciens dirigeants de «corruption», «abus de confiance», «abus de biens sociaux» et «blanchiment aggravé» ont été déposées vendredi au pôle financier du parquet de Paris. Janez Mercun, ancien distributeur de L’Oréal en Russie, y accuse le groupe (et son ex-PDG), d’avoir organisé dans ce pays un «marché gris» de distribution parallèle «avec le crime organisé», via plusieurs sociétés écran basées dans des paradis fiscaux. Lesquelles «avaient pour but de dissimuler l’évasion fiscale […] et surtout l’enrichissement personnel de certains dirigeants», écrit dans sa plainte l’avocat de Mercun, Frédérik-Karel Canoy. «Ces accusations sont inventées. Il nous attaque depuis dix ans et nous avons gagné tous les procès», proteste l’avocat de L’Oréal Georges Jourde.
Bataille. L’affaire commence à la fin des années 90. Janez Mercun, Slovène basé à Genève, s’estime lésé par le «marché gris» mis en place par L’Oréal en Russie, où il était le distributeur exclusif des produits du groupe. Il demande réparation en justice. A l’issue d’une longue bataille, il est finalement débouté le 17 octobre 2007 par la cour d’appel de Paris. La décision est «définitive», insiste-t-on chez L’Oréal.
Janez Mercun assure pour sa part que son différend commercial «n’a pas été jugé sur le fond». Et attaque aujourd’hui sur le front pénal, en tant qu’actionnaire du groupe. Selon sa plainte, le «marché gris», dont les défenseurs de L’Oréal n’ont pas nié l’existence lors de la première procédure, a provoqué un manque à gagner d’«environ 34 millions de dollars» (24 millions de dollars) pour le groupe entre 1994 et 1999. Lésant du même coup ses actionnaires. Le parquet de Paris indiquait hier que la plainte était toujours en cours d’examen. L’avocat de L’Oréal n’est pas inquiet. Il indique qu’à sa connaissance, Mercun avait déjà porté plainte au pénal a
L’ancien distributeur de L’Oréal n’en est pas à son coup d’essai. Il est l’un des deux actionnaires minoritaires qui ont déposé plainte, mi-2010, pour «abus de biens sociaux» contre Lindsay Owen-Jones dans l’affaire du contrat à 700 000 euros par an accordé par L’Oréal au photographe François-Marie Banier, protégé de Lilianne Bettencourt. Le parquet a ouvert une enquête préliminaire sur ce contrat très controversé, qui a été dénoncé depuis par L’Oréal. L’affaire avait noirci l’image de l’icône Owen-Jones, déjà affaiblie par le don de 100 millions d’euros que lui avait fait la milliardaire. Et sans doute contribué à son départ de la présidence du groupe, dont il reste administrateur.
«Chantage». Owen-Jones a reçu le soutien de l’Association des petits porteurs actifs (Appac), qui a déposé en octobre une plainte pour «chantage» visant Mercun, accusé de profiter de l’affaire Bettencourt pour régler ses comptes. Sa nouvelle offensive tombe juste avant l’assemblée générale du 22 avril, où Owen-Jones doit être nommé «président d’honneur». Le Slovène réplique qu’il n’a aucun désir de vengeance, et qu’il réclame simplement «justice».
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